Aller au contenu

 

Environnement et développement équitable

Moderniser l'économie

Plus récemment, un autre groupe d'experts scientifiques mandatés par les Nations Unies, le GEO-4, sonnaient le même appel urgent à l'action, allant jusqu'à considérer l'humanité en danger. «Des transformations fondamentales dans les structures sociales et économiques, y compris une modification des modes de vie, sont également essentielles pour obtenir un ­progrès rapide», affirment-ils.

Bref, il est temps de cesser la propagation de la «fièvre acheteuse», cette épidémie qui pousse les humains à consommer toujours plus au plus bas prix possible, sans tenir compte des limites des écosystèmes et des travailleurs... et sans tenir compte des véritables coûts de ce qui est consommé.

Prenons l'exemple du pétrole, duquel dépend l'American way of life, qui est aussi la nôtre. L'International Center for Technology Assessment a fait l'exercice de calculer le «vrai prix» d'un gallon d'essence à la pompe, aux États-Unis, en comptabilisant ses principales externalités. Ces économistes ont tenu compte de la valeur des réductions d'impôt, des ­programmes de subventions et du système de protection des prix accordée à cette industrie par les différents paliers de ­gouvernements américains pour l'extraction, la production, le transport et la protection du secteur pétrolier. Ils ont ainsi ­inclus une part des dépenses militaires américaines qui sert à assurer l'approvisionnement en pétrole du pays. Ils ont aussi tenu compte des coûts environne­mentaux, sociaux et de santé engendrés par l'utilisation de la voiture. Ainsi, au lieu de payer environ 1 $ le gallon à la station d'essence, les Américains devraient plutôt payer entre 5,60 $ et 15,40 $ le gallon. Imaginez la réaction des consom­mateurs et les effets que la facturation d'un vrai prix aurait sur le mode de vie nord-américain. Il ne serait plus rentable de déplacer autant de marchandises d'un bout à l'autre de la planète. L'écono­mie mondiale serait nécessairement plus locale.

Il est devenu impératif de changer de paradigme économique, de transformer notre rapport aux écosystèmes et notre rapport aux autres. L'approche utilitariste de l'environnement et de la société qui a servi de fondement aux systèmes économiques de l'après-guerre doit être modernisée. L'économie doit tenir compte des fragiles liens d'interdépendance qui nous unissent les uns aux autres de même qu'aux écosystèmes.

Les solutions existent et elles passent nécessairement par de grands changements à la fois individuels et collectifs de la part de tous les éléments de la société : les citoyens, les ­entreprises, le milieu scolaire et évidemment les gouvernements. Rappelons-nous que ces derniers sont les gardiens du bien commun et que l'État, c'est nous. Nous avons donc tous la ­responsabilité d'agir pendant qu'il en est encore temps.